jeudi 14 mai 2015

Ils ont pondu!

Dans mon précédent article, je vous disais que si je passe beaucoup de temps auprès des empereurs, c’est dû principalement à ma manip acoustique. Un jour avec moins de 20 nœuds de vent (environ 37 km/h) est un jour pour faire de l’acoustique ! Ces jours-ci ce n’est pas l’idéal, on a de la neige et trop de vent… (mais c’est aussi l’occasion de faire autre chose) !

Vous l’aurez deviné, lors de cette manip il me faut enregistrer des chants ! 

Chaque manchot a un chant bien à lui, différent de tous les autres, c’est ce qui permet la reconnaissance individuelle ! 
Les enregistrements acoustiques, que je réaliserai tout au long de la saison de reproduction (les individus enregistrés le seront à plusieurs reprises, à différents stades du cycle de reproduction), seront notamment analysés dans le but d’évaluer si certaines caractéristiques du chant reflètent la qualité ou la condition corporelle de l’individu.
L'enceinte placée devant moi sert à diffuser des chants de manchots enregistrés les années précédentes, pour inciter les manchots à chanter mais aussi dans l'idée de savoir si les empereurs retiennent et répondent  aux chants de leurs ex-partenaires... 
[Photos Manu Brousse & Stéphane Oros]


  
J'en profite pour vous donner quelques nouvelles fraîches de la manchotière :

C’est le 12 mai, lors d’un petit tour à la manchotière, que Stéphane (l’un des 2 grands barbus glaciologues) et moi-même avons vu les 1ers œufs ! Nous avons même eu la chance d’assister à la passation de l’œuf entre la femelle et le mâle ! Le lendemain, c’est Mireille qui m’accompagne pour ma manip acoustique, on observe à nouveau un bel échange d’œuf ainsi que quelques mâles couveurs, abandonnés à leur sort par leur femelle !

Après que la femelle ait pondu l’œuf, les deux partenaires se positionnent de sorte à pouvoir se l’échanger, tout en chantant et en se montrant leur poche incubatrice respective (zone dénuée de plumes et très irriguée en vaisseaux sanguins qui permet un meilleur transfert de chaleur vers l’œuf pendant l’incubation). Cette étape peut prendre du temps, parfois ils font des pauses… A un moment, ils se lancent: l’œuf se retrouve sur la glace, le mâle le récupère en l’attirant délicatement avec le bec, le met entre ses pattes et les rapproche l’une contre l’autre de sorte que l’œuf se retrouve dessus, tout en évitant de l’écrabouiller… Une fois l’œuf posé sur ses pattes, il bascule légèrement vers l’arrière, s’appuyant sur ses talons. Il est maintenant coincé avec cet œuf, qu’il va devoir protéger coûte que coûte, pendant les 2 prochains mois, jusqu’à l’éclosion et le retour de sa femelle!   
[Photos Mireille Langeard]




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