mercredi 27 mai 2015

Penguins + katabatikos

Ce vendredi 22 mai, nous avons eu notre premier catabatique de l’hiver. Le terme catabatique vient du grec katabaticos qui signifie « descendant la pente ». Le catabatique est un vent gravitationnel produit par le poids d’une masse d’air froide dévalant un relief géographique (merci wikipedia, les météos sont introuvables! Ils sont sûrement en train de: jouer à la coinche, publier un article sur le catabatique justement ou faire du rhum arrangé ! A vous de trouver qui fait quoi ! ;) ). 

Revenons à nos moutons ! Du côté de DDU, ça a donné un vent très fort avec des pointes à 150km/h et des murs de neige qui font que tu ne vois plus rien à quelques mètres (enfin, rien à part du blanc)… 

En bref, le temps idéal pour descendre à la manchotière et voir ce qu’il s’y trame ! 
[Photos Stéphane Oros]



Les manchots empereurs sont capables de résister au froid notamment grâce à leurs caractéristiques morphologiques: morphologie plutôt compacte (faible rapport surface/volume), extrémités courtes, plumage très isolant (85% de l'isolation est assurée par les plumes chez cette espèce) combiné à une importante couche de graisse sous-cutanée (15% restants de l'isolation), autant de caractéristiques permettant une faible conductance thermique (1.3W m-2 °C-1, Le Maho, 1977), donc de réduire les flux de chaleur vers l'extérieur. 

Les manchots empereurs sont des oiseaux n’ayant ni nids ni territoires, c’est pourquoi ils peuvent se regrouper pour former des tortues. Ce comportement est d’ailleurs, en plus de leurs adaptations morphologiques et physiologiques, la clé de leur survie pendant l’hiver austral. On parle de "thermorégulation sociale".
Au sein d’une tortue, les manchots sont tellement serrés que tout mouvement individuel est quasiment impossible. Pourtant, il est nécessaire que la structure de cette tortue évolue, afin que chaque manchot puisse passer suffisamment de temps au cœur de la tortue (où il peut faire jusqu’à 37°C !) pour maintenir sa température corporelle et pour conserver son énergie. 

Ainsi, d’après une étude récente (Zitterbart et al., 2011), on sait que les manchots bougent collectivement et de façon très coordonnée pour assurer leur mobilité tout en gardant la formation très serrée. Toutes les 30-60 secondes, tous les manchots effectueraient de petits pas se propageant comme une vague au sein du groupe. La vitesse de propagation de cette « vague » serait comparable à celle de l’individu ayant déclenché le mouvement (environ 12cm/seconde). En définitive, ces tous petits mouvements individuels mènent à la réorganisation à grande échelle de la tortue.

On voit...
On ne voit plus!

Les manchots isolés rejoignent la colonie (le groupe principal).
ça pousse un peu en périphérie, les chutes ne sont pas rares!

vendredi 22 mai 2015

El Cinco de Mayo

Après la soirée Tropicale organisée par Géophy, voici la soirée Mexicaine organisée par Stéphane glacio et moi-même, le samedi 9 mai. 

Après 3 semaines de dur labeur pour la déco et l’organisation puis 1 journée passée en cuisine, le résultat a eu l’air de plaire à nos co-hivernants, qui ont d’ailleurs fait preuve d’imagination pour les déguisements. Une chouette soirée de plus à DDU. Au programme: des cactus en papier mâché, des drapeaux peints à la main (le chef de district n’a pas le drapeau du Mexique en stock), un coin photo-call moustaches, des tequila sunrise et margaritas, de la musique traditionnelle, de beaux sombreros colorés, un coin « dessine moi un cactus » et bien sûr, des piñatas ! 

Pour avoir la chance de tenter de casser la piñata géante, les hivernants ont d’abord du se qualifier lors d’une activité un peu spéciale : le rasage de capotes (utilisées comme supports pour réaliser nos cactus en papier mâché). Le but étant d’enlever toute la mousse à raser avec un objet tranchant au choix… La plupart ayant pris le parti de crever la capote du voisin pour maximiser leurs chances. Le 1er à se lancer fut Romain, qui n’alla pas très loin et dans la direction opposée, complètement déboussolé. Arash fut le second et le dernier, la piñata ne fit pas long feu avec lui. Tout comme les bonbons et chocolats présents dans la piñata d’ailleurs !

Les prochaines grosses soirées seront celles organisées pour la Mid-Winter qui arrive à grands pas, et oui c'est déjà dans un mois!!!














jeudi 14 mai 2015

Ils ont pondu!

Dans mon précédent article, je vous disais que si je passe beaucoup de temps auprès des empereurs, c’est dû principalement à ma manip acoustique. Un jour avec moins de 20 nœuds de vent (environ 37 km/h) est un jour pour faire de l’acoustique ! Ces jours-ci ce n’est pas l’idéal, on a de la neige et trop de vent… (mais c’est aussi l’occasion de faire autre chose) !

Vous l’aurez deviné, lors de cette manip il me faut enregistrer des chants ! 

Chaque manchot a un chant bien à lui, différent de tous les autres, c’est ce qui permet la reconnaissance individuelle ! 
Les enregistrements acoustiques, que je réaliserai tout au long de la saison de reproduction (les individus enregistrés le seront à plusieurs reprises, à différents stades du cycle de reproduction), seront notamment analysés dans le but d’évaluer si certaines caractéristiques du chant reflètent la qualité ou la condition corporelle de l’individu.
L'enceinte placée devant moi sert à diffuser des chants de manchots enregistrés les années précédentes, pour inciter les manchots à chanter mais aussi dans l'idée de savoir si les empereurs retiennent et répondent  aux chants de leurs ex-partenaires... 
[Photos Manu Brousse & Stéphane Oros]


  
J'en profite pour vous donner quelques nouvelles fraîches de la manchotière :

C’est le 12 mai, lors d’un petit tour à la manchotière, que Stéphane (l’un des 2 grands barbus glaciologues) et moi-même avons vu les 1ers œufs ! Nous avons même eu la chance d’assister à la passation de l’œuf entre la femelle et le mâle ! Le lendemain, c’est Mireille qui m’accompagne pour ma manip acoustique, on observe à nouveau un bel échange d’œuf ainsi que quelques mâles couveurs, abandonnés à leur sort par leur femelle !

Après que la femelle ait pondu l’œuf, les deux partenaires se positionnent de sorte à pouvoir se l’échanger, tout en chantant et en se montrant leur poche incubatrice respective (zone dénuée de plumes et très irriguée en vaisseaux sanguins qui permet un meilleur transfert de chaleur vers l’œuf pendant l’incubation). Cette étape peut prendre du temps, parfois ils font des pauses… A un moment, ils se lancent: l’œuf se retrouve sur la glace, le mâle le récupère en l’attirant délicatement avec le bec, le met entre ses pattes et les rapproche l’une contre l’autre de sorte que l’œuf se retrouve dessus, tout en évitant de l’écrabouiller… Une fois l’œuf posé sur ses pattes, il bascule légèrement vers l’arrière, s’appuyant sur ses talons. Il est maintenant coincé avec cet œuf, qu’il va devoir protéger coûte que coûte, pendant les 2 prochains mois, jusqu’à l’éclosion et le retour de sa femelle!   
[Photos Mireille Langeard]