mardi 6 octobre 2015

La balade des Caps

Dimanche 4 octobre. Steph (glacio), Romain (chaud-froid), Julien (magne-sismo) et moi partons pour une rando à l’itinéraire mitonné aux petits oignons... la balade des Caps !

On passe par Gouverneur puis direction la 1ère étape : Cap Odile. C’est toujours aussi joli (cf. mon article de l’été dernier) et on prend la pose devant la glace qui a gardé des traces du continent. 


La suite, c’est Cap Géodésie. Plus sympa l’été que l’hiver mais on y fait néanmoins une halte pour pique-niquer (ça faisait longtemps!), écouter la glace qui travaille dur à cet endroit et espionner discrètement les 23 phoques de Weddell qui se prélassent non loin de là (parmi lesquels des femelles en fin de gestation).



Après Cap Géodésie, on arrive dans une zone merveilleuse : galerie de sculptures de glace, énorme éboulement aux allures de taupinière géante, bergs incrustés de galets… Cette zone, jusqu'à maintenant inexplorée par notre mission, a forcément un nom donné par les précédents hivernants (Pierre, Alban, Philippe, Ay, vous savez?), mais en attendant, entre nous, on la nomme Fontainebleau, la taupinière et le mur d’escalade.





Nous sommes à environ 10km de la base et après avoir flâné un peu dans cette zone comme on flânerait dans un musée, on file vers les îles Fram ! 

Last but not least… en arrivant à Fram: une dizaine de phoques dont des phoques crabiers (une espèce qui se reproduit dans le pack et qui n’est que visiteuse à DDU) ET un veau (=bébé phoque). La naissance semblait toute récente. Cette rencontre avec le 1er veau de l’archipel a bouclé la journée de la plus belle façon qui soit! 



Le retour, un peu moins sympa, 8.5km tout droit, dans la neige qui s’enfonce, sans reliefs ni îles étapes pour se repérer… mais avec suffisamment de temps pour penser à notre prochaine excursion !

[Photos : Stéphane Oros]

jeudi 10 septembre 2015

Coquillages & crustacés...

Ramasser des coquillages ou des oursins à DDU ? Oui, c’est possible ! 

Après la visite quotidienne à la manchotière, petit détour par l’île Rostand autour de laquelle la banquise renferme bien des surprises : des organismes marins pris dans la glace superficielle… 

Echinodermes (oursins "réguliers", oursins-cœur et étoiles de mer), mollusques (gastéropodes et bivalves), algues, éponges ou encore pycnogonides (plus rare), ces organismes étranges dont le tube digestif occupe une partie des longues pattes. Seuls les organismes assez gros sont retrouvés sur la banquise, on parle de macrobenthos (=ensemble des organismes aquatiques vivant sur le fond et dont la taille est supérieure à 1mm), les petits organismes se décomposant sûrement plus vite lors de leur exposition. 

Ces organismes peuvent se retrouver là pour plusieurs raisons, les mouvements verticaux de la glace ou encore laissés en échouage par les manchots.

Alors, pas besoin de mer ou de plage de sable fin, on s'y croirait n'est-ce pas?? (.....)








Petit clin d’œil à Jéjé, chef plongeur du programme Revolta (étude des effets de l'acidification sur les organismes benthiques).
Essayage d'une combi sèche, campagne d'été 14-15.

mercredi 9 septembre 2015

Piou piou piou: la suite!

Les rapts


Un poussin qui dépasse un peu trop de la poche incubatrice de son parent, un poussin éjecté de la poche après une chute de l’adulte, un poussin qui commence à faire ses premiers pas seul sur la banquise… Autant de situations qui peuvent conduire à un événement de « rapt ». 

On est en août, les poussins ont bien grandi mais ont toujours besoin de soins parentaux et certains adultes, en échec, arpentent la colonie et tentent de voler ces poussins… 
A cette période de l’année, plusieurs dizaines de rapts peuvent être observées en 1h passée à la manchotière. 



Généralement, lorsqu’un manchot se jette sur un poussin pour le voler à son parent, les manchots inemployés des alentours ne tardent pas à se joindre à la mêlée, ce qui peut faire des groupes assez impressionnants de plusieurs dizaines d’individus. Le poussin peut d’ailleurs mourir écrasé par les manchots qui se battent. Parfois, le parent réussi à récupérer son poussin indemne, parfois c’est un autre qui repart avec. 

Il faut savoir que dans la plupart des cas, le voleur finira par abandonner ce poussin qui n’est pas le sien… Il nous est arrivé de voir ce genre d’abandon suivi à nouveau d’un rapt, l’avenir d’un poussin kidnappé est très incertain ! 



On peut d’ailleurs se demander quelle est l’explication d’un tel comportement. En effet, les kidnappeurs vont dépenser de l’énergie pour élever un poussin qui ne leur est pas apparenté... En 2006, des chercheurs ont testé l’hypothèse selon laquelle ce comportement de rapt était influencé par le taux élevé de prolactine, une hormone de soin parental. Lors de cette étude expérimentale, le taux de prolactine de certains individus a été artificiellement abaissé par administration d’un inhibiteur. Ces individus traités ont effectué moins de tentatives de rapts que les non traités (Angelier et al., 2006). 

La prolactine est généralement produite suite à une stimulation par le poussin, or chez le manchot empereur, le taux de prolactine n’est pas ou peu influencé par le poussin et il est maintenu élevé pendant toute la période de reproduction. Ceci serait une adaptation leur permettant de rester impliqués et d’avoir l’envie de revenir à la colonie après de longs trajets et séjours en mer (sans contact avec le poussin). Chez les individus en échec de reproduction, ce taux est également maintenu élevé, ce qui pourrait expliquer leur obstination à vouloir un poussin. 


Le comportement de rapt pourrait donc être une conséquence de l’adaptation des manchots empereurs à leurs conditions de reproduction particulières et hors du commun.



L’émancipation


A l’âge de deux mois, le poussin s’émancipe thermiquement : il a assez de duvet pour rester hors des pattes de ses parents. Les poussins émancipés se regroupent pour former des crèches, au sein desquelles ils se tiennent plus ou moins serrés selon les conditions météo (+ font la sieste et se chamaillent sans cesse). Lors de mauvais temps, ils forment de véritables tortues comme leurs parents! 

A partir de l'émancipation du poussin et du fait de sa demande alimentaire croissante, les deux parents s'absentent simultanément pour aller chercher de la nourriture en mer. Ils ne séjournent alors à la colonie que le temps nécessaire au nourrissage du poussin qui se fait le plus souvent à l'écart des autres oiseaux et des crèches. Le couple ne se croise alors que très rarement pendant cette période. 

Dans notre colonie de Pointe Géologie, la première émancipation a eu lieu le 20 août et la première crèche observée le 29. Une semaine plus tard, il y avait déjà 1000 adultes de moins dans la manchotière.




[Photos: Stéphane Oros]

mercredi 2 septembre 2015

Des citrons et des hommes

Quelques infos, sans manchots, sur la vie de tous les jours à DDU. 

Le service base


Le « service base » est effectué 2 ou 3 fois par mois par chacun et chacune d’entre nous. Lorsque vous êtes de service base, en binôme avec un autre pour la journée, vos tâches sont les suivantes : 

De 8H à 12H (au séjour) : Nettoyage de la table du petit déjeuner, de la vaisselle, du sol, des sanitaires, lessive de torchons, aide en cuisine (pour de l’épluchage de légumes la plupart du temps), vider les poubelles, remplir l’incinérateur avec les cartons si c’est un jour de feu (1 jour sur 2), mettre la table pour le repas, déneiger…

A 12H : Service des plats pendant le repas puis vaisselle ensuite évidemment. 

A 16H (au 42, le dortoir) : Chacun prend un étage. Nettoyage du sol et des salles de bains. 

Vers 18H30 (au séjour) : Mettre la table pour le diner puis assurer le service pendant le diner qui a lieu à 19H15 en semaine et à 19H30 le samedi ! 

Au début de l’hivernage, nous avons tous été mobilisés une demi-journée pour Le Grand Nettoyage. On le fera de nouveau juste avant l’arrivée du bateau, avant de rendre les clés en quelque sorte… 




Les manips vivres


Les « manips vivres » ont lieu tous les samedis, juste après le repas de midi. Le but de celles-ci est de transporter les vivres nécessaires pour la semaine à venir depuis les réserves et frigos jusqu’à la cuisine. Les hivernants forment une chaîne humaine afin de faire passer les boîtes, cartons et autres bouteilles de manière efficace et rapide. Il n’est pas rare que les manips se terminent par des batailles de boules de neige... L’été, les manips vivres durent forcément plus longtemps et il y a également les manips inverses, pour remplir les frigos à partir des hélicos.





En parlant du ravitaillement…

Samedi 2 mai : Corentin, alias Coco le roux (pour ceux qui suivent son blog), presse le dernier citron de la base… Comme ça, sans prévenir ! Tout naturellement, je me suis juré de le haïr éternellement ! Bon, allez, disons plutôt jusqu’à ce qu’on reçoive de nouveaux citrons, c'est-à-dire en novembre, ce qui fait quand même 6 mois au total! On est loin de l’abondance de la Grèce et c’est dur ! 

Quelques jours après le drame, je fais néanmoins une grande découverte… Il y a un citron (un peu vieux mais tout à fait mangeable) dans le frigo à Glacio !! Il est actuellement toujours en otage/exposition à Biomar, maintenant sec et dur comme un caillou! Les négociations sont en cours quant à son obtention légale et définitive.

Plus sérieusement, nous n’avons plus que des pommes fripées. Je vous aurais bien invités à envoyer vos dons de fruits et légumes frais pendant l’hiver mais c’était impossible… Le seul qui pourra nous sauver est l’Astrolabe, dont la 1ère rotation arrivera autour du 1er novembre avec son lot de fruits & légumes australiens plus ou moins frais.

[Photos: Tiphaine Potiron & Stéphane Oros]

D'aillleurs, si vous souhaitez m'écrire ou m'envoyer plein d'amour par la poste, j'ai mis à jour le calendrier des dépêches postales dans l'onglet "Me contacter"! En résumé, la date limite est le 8 septembre pour une réception rapide à R0, sinon la limite c'est le 20 octobre pour R1 (je quitte la Terre Adélie à R2!).




mardi 18 août 2015

Couleurs & géométrie de Terre Adélie

Mi août, il fait beau et chaud chez la plupart d’entre vous et nous nous rapprochons nous même tout doucement de la prochaine campagne d’été. Mais pour le moment les températures et le temps ne trompent pas : c’est toujours bel et bien l’hiver à DDU ! Le mois d’août est d’ailleurs généralement le mois le plus froid. Au menu du jour, du -28°C et un peu de vents catabatiques. Les petits poussins ne choisiront pas cette journée pour faire leurs premiers pas sur la banquise, leur émancipation attendra encore un peu! 

En juillet, nous avons eu un déficit d’ensoleillement de 30% par rapport à la normale, nous avons eu 18 heures d’ensoleillement en tout et pour tout. A savoir qu’à la moitié du mois, nous étions toujours à 0 pointé ! Ces quelques derniers jours de juillet (le week-end du 24 notamment) bien ensoleillés ont permis de recharger nos batteries... Nous en avons évidemment profité à fond en passant beaucoup de temps dehors. Balade dans le chaos derrière les îles Lamarck et Rostand, balade longeant le continent vers Prud’homme, puis dans la direction opposée vers la mer… Découverte de nouveaux endroits et bergs sympas (un berg tête de bélier, ou de cocker ?? Qu’en dites vous ?), de bons spots pour apprécier les couchers de soleil et enfin quelques belles aurores… 

[Photos Stéphane Oros] 








mercredi 5 août 2015

Transpondage d'empereurs

Nous sommes en août et les poussins sont encore tous petits et bien au chaud sous leur parent. Quoique, certains commencent à vouloir s’aventurer hors de la poche incubatrice (et sont très vite récupérés par les parents)… On en a aussi vu se donner quelques coups de bec pendant que d’autres se nettoyaient le duvet consciencieusement. Cet article concerne les poussins plus âgés, la manip de transpondage étant réalisée chaque année fin novembre/début décembre, peu avant le premier départ en mer des poussins.

Le transpondage permet notamment l’étude de la dispersion (via des antennes déployées non loin des colonies ou au niveau de passages très fréquentés), des paramètres démographiques et plus globalement de la dynamique de la population d'empereurs (c'est valable aussi pour les manchots Adélie).  

[Photos: Philippe Apelt & Stéphane Oros]



La manip débute par la capture d’un groupe de poussins avec les 4 panneaux du corral et la mise en place du matériel. On sort alors les poussins un par un du corral pour réaliser le transpondage. Le transpondage, ou pit-tagging pour les anglophiles, consiste en l’implantation d’une puce qui sera l’identité électronique du manchot (le même dispositif est utilisé par les vétérinaires pour les chiens et chats). 


On passe ensuite aux mesures biométriques (taille des ailerons et du bec) et puis à la pesée.



La manip est aussi l’occasion de faire un prélèvement sanguin, une toute petit piqure et hop c’est terminé ! Les échantillons sont classés et labellisés directement sur le terrain. 



Avant de le laisser rejoindre ses petits camarades, le poussin est marqué afin de ne pas le capturer de nouveau par la suite. Ce marquage partira avec le duvet pendant la mue (qui est tout juste entamée au moment du transpondage).



En bonus, la photo d'un immature! C'est comme un empereur tout juste griffonné qui n'aurait pas encore été colorié! :)

mercredi 29 juillet 2015

Lanternes thaïlandaises

Ces derniers soirs, toute la base était mobilisée pour le projet Lima Tango mené par Arash, notre médecin. Lima Tango, nom codé pour Lanternes Thaïlandaises. 

Après un petit test réalisé il y a quelques jours pour que les photographes fassent leurs réglages, nous avons essuyé un cuisant échec samedi lors de la tentative de vrai 1er lancer (trop de vent, matériel non adapté = problèmes d’allumage des lanternes). 

Dimanche soir, les conditions étant idéales (5 nœuds de vent maximum, beau ciel dégagé et aurore australe en prime) tout le monde s’est préparé et est allé rejoindre son poste… 

Stéphane et moi sur l’île du Bélier assez loin de la base pour un plan large (photos ci-dessous), Bastien à la Croix Prud’homme, Romain à son niveau mais plus loin sur la banquise, Bertie sur le toit de Chantal, Benjamine sur le toit de Biomar & Mireille sur le toit du BT… Bref, la zone était complètement quadrillée ! Les allumeurs/lanceurs de lanternes étaient quant à eux situés au niveau de la DZ du haut (la piste d’atterrissage des hélicoptères en été) pour un lancer en plein cœur de la base.