vendredi 6 février 2015

La cabane Marret

C’est en 1952, dans la « cabane » Marret, qu’a lieu le premier hivernage sur l’île des Pétrels (île où je me trouve actuellement). Construite en janvier de cette même année dans le but d’accueillir 4 personnes dont 3 scientifiques pour étudier la colonie de manchots empereurs, c’est finalement 7 hommes qui y vivront toute l’année. La base principale de Port-Martin ayant pris feu dans la nuit du 23 au 24 janvier 1952, 3 autres personnes se joignent à eux. Mario Marret, chef de l’expédition, a raconté leur hivernage dans le livre « 7 hommes chez les pingouins » dont voici un court extrait: 

« Nous avons l’impression de nous trouver dans un zoo dépourvu d’enceinte, dans une sorte de parc immaculé où pétrels, pingouins, damiers, skuas, phoques s’ébattent, pêchent, nidifient, s’accouplent, volètent, jacassent, pullulent en toute liberté. Ce continent glaciaire, où nous avons tant de mal à survivre, où les gestes élémentaires exigent de nous tant d’efforts, où nous succomberions comme des éphémères sans le secours constant de toutes nos ressources techniques, cette terre ingrate est bien à eux, à ces bêtes étranges ou gracieuses qui paraissent avoir été créées à sa mesure ».

La base Marret en mars 1952 (Photo: Georges Lépineux)

Aujourd’hui, 63 ans plus tard, la cabane Marret est toujours là. Classée Monument historique, elle a maintes fois été rénovée suite aux dégâts causés par la rudesse du climat et par le temps. Il n’y a ni chauffage, ni électricité, mais il est possible d’y passer des soirées ou d'y dormir à condition d’avoir un bon sac de couchage grand froid et de faire ça plutôt l'été.. 

La cabane Marret en décembre 2014 (Photo: Stéphane Oros)


A l’intérieur, une galerie de portraits des 7 hivernants, réalisés à l’époque par le médecin-chirurgien chargé d’études en biologie, Jean Rivolier. Les portraits sont accompagnés d’un mot de Rivolier :

« Dans cette cabane, prévue pour trois, vécurent sept hommes, un an durant et s’endurant. Sept hommes chez les Manchots, plus Alfred le Manchot, poussin chéri de Prévost. Sept c’était beaucoup, mais Alfred en plus c’était trop ! Aussi d’aucuns (quatre en tout) fuirent ce lieu déplaisant pour se lancer dans un raid vers l’Ouest (le lointain Ouest, « frontière » de la Terre Adélie), préférant les effroyables dangers de l’aventure à l’odeur de la pâtée d’Alfred. Visiteurs qui entrez ici, saluez la mémoire de ces 7 courageux prisonniers (et d’Alfred) ! »

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